Depuis que le dernier smartphone en ma possession s’est éclaté sur le sol d’une terrasse, l’été dernier, je me suis procuré un téléphone relativement simple. Je me sers donc désormais de celui-ci pour mes prises de notes photographiques. Et j’ai découvert plusieurs aspects intéressants à cet appareil, qui permet des prises de vue beaucoup moins abouties que les smartphones.

Le fait de prendre des photos à une résolution maximum de 640x480 pousse à adopter une attitude différente dans la prise de notes. Lors de la prise de vue, on voit sur la prévisualisation de l’écran de l’appareil que les lumières basses sont bouchées, et que ça crame tout de suite dans les lumières hautes. Bref, l’image sera de mauvaise facture. Donc, on doit bien considérer ce que l’on veut voir de cette prise de note. Pas de fioritures. Et, finalement, on ne se laisse pas enivrer en cours de route par des vélléités plastiques. Vraisemblablement, aucun effet lumineux impromptu ne viendra faire ressembler notre image à un plan de Wim Wenders.

Au fond, quand on parcourt à nouveau toutes ces mauvaises images, on tente de se remémorer ce que l’on a bien voulu capturer là, et, étrangement, on retrouve souvent. C’est comme si l’idée flottait longtemps à la surface. On ne se laisse pas envivrer par des vélléités plasqtiques à la prise de vue, disai-je plus haut, mais cela est encore plus vrai lorsqu’on compulse son répertoire : on ne se promène pas dans des photos, mais dans des idées, qui restent assez fraîches. La haute-définition et son pouvoir séducteur ne viennent pas se placer devant l’intention capturée. Si cette note doit donner lieu à une nouvelle image, celle-ci reste à faire, entièrement.

La forme de la neige accumulée sur le toit de la gare Montparnasse

Parfois, la matière visuelle que l’on a voulu capturer est tellement pauvre que l’image est ravalée au rang de pense-bête. C’est une bouteille à la mer, son seul intérêt sera éventuellement de nous rappeler une idée qu’on n’a pas pu développer à ce moment-là avec quelques mots.

En revanche, il ne faut pas trop trainer ensuite pour utiliser ces idées, car il me semble que les idées embarquées dans ces images aient quand même une date de péremption courte — surtout pour le dernier cas de figure. Et vue leur mauvaise qualité, on ne pourra rien en tirer d’autre.

Une ligne d'arbres

Parfois, tout de même, le rendu de l’image est intéressant, produit par la qualité médiocre de l’objectif et la compression appliquée après la prise de vue. Ce jeu a tendance à produire une athmosphère légèrement vaporeuse, la lumière est parfois irréelle. Parfois, en s’appliquant à certaines images (une ligne d’arbres à l’horizon), la compression produit des effets qu’on a bien envie de tenter de reproduire par d’autres moyens — là, comme ça, je dirais de l’aquarelle, ou alors des cercles tracés au compas, une base géométrique, quelque chose comme ça. Mais encore une fois, il me semble que rien n’empiète sur le travail de confection de l’image à venir. Rien n’est entamé, il n’y a rien qu’une intention, avec un minimum de bruit.

Bref, la basse-résolution, c’est pas mal.