En effectuant des recherches sur la refonte de l’identité graphique de l’université de Strasbourg (Unistra), j’ai atterri sur un article, posté sur un blog nommé Disensus (Défense et Information des Chercheurs et Enseignants Non Statutaires de l’Université de Strasbourg) dont on peut faire ainsi le résumé : l’article évoque la décision de l’Université de Strasbourg de déclencher un projet de refonte d’identité. Le rédacteur est très sceptique sur cette action, et plutôt agacé par la façon d’en informer les membres de l’université, qu’il apparente à une action de communication fumeuse. Je pense, comme le rédacteur, que cette novlangue emphatique et neutralisante déversée par les têtes pensantes est au mieux pesante, au pire suspecte. Mais il faut dépasser cet écran de fumée et déceler les vrais enjeux d’une refonte d’identité graphique. Opposer que l’argent serait mieux utilisé en crédit de recherche, par exemple, empêche d’embrasser l’ensemble du problème. J’ai réagi voici quelque temps à cet article par un commentaire, mais il n’a malheureusement jamais été publié. Je vous partage donc ma réponse ici, faute de mieux.

“Bonjour,

Je viens de tomber sur cet article en effectuant une recherche sur le colloque “Identités complexes”, dont j’apprends ici qu’il semble avoir quelque rapport avec la nouvelle identité de l’Université de Strasbourg. Je ne peux m’empêcher de réagir car, si certains points que vous soulevez m’irritent autant que vous (la novlangue managériale n’étant pas le moindre), d’autres me semblent être caricaturés. C’est dommage car, même si le design ne résout pas tous les problèmes, il ne travaille pas non plus contre les chercheurs et enseignants. Cela coûte de l’argent, certes… Mais, comme le dit le designer en charge du projet, Ruedi Baur (un franco-suisse, d’ailleurs, vous auriez pu vous renseigner un peu) dans cette vidéo https://www.unistra.fr/index.php?id=25023, les universités, comme beaucoup d’autres structures, se trouvent entrainées dans une mise en concurrence et dans une “guerre des signes” généralisées, dont les publicitaires s’emparent, notamment (designer ≠ publicitaire) : cette situation, si on n’y travaille pas correctement, sera, elle, particulièrement nocive à l’université et à la recherche. Vous avez raison, cela ressemble de plus en plus au monde de l’entreprise, mais je ne pense pas que la direction de l’Université y puisse quoi que ce soit. On peut ignorer ce fait et se dire que toutes ces choses ne sont que broutilles destinées à occuper des chargés de communication en manque de missions, et que ce sont des crédits en moins pour la recherche. Je pense au contraire que l’idée de la direction de l’Université de travailler avec un designer plutôt qu’avec un publicitaire est une bonne idée, car le travail sera bien fait. Et il doit être fait. On peut pester contre la “recherche d’attractivité” des universités, les recherches de “synergie” ou autres notions vides et pompeuses. Donc, ce n’est pas juste, comme vous le dites, “donner un peu de fric à la fac d’arts”, c’est faire exister l’Université de Strasbourg dans un monde de signes de plus en plus dense. Ce n’est pas (juste) cosmétique : malgré son arrière goût désagréable de communication politique, le traitement du problème du signe et de l’identité est bien réel.

Cordialement,

Thomas Guesnon”

L’article